« Tout génocide se construit toujours autour du silence des nations »
(Joël Kotek)
LA TURQUIE … ET SON FANTÔME, L’ARMÉNIE
Fondée entre autre sur la négation d’un génocide qui a conduit à la mort atroce des citoyens Arméniens, la Turquie, pourtant aux portes de l’Occident et de l’Orient, ne finit pas de se débattre avec ce que Guillaume Perrier appelle « le fantôme arménien ».
Ce «fantôme » hante aujourd’hui encore l’inconscient collectif car, faute de reconnaissance, il n’a toujours pas trouvé d’extinction. La cohésion identitaire turque devait-elle être à ce prix ? A mes yeux, quelles que soient les enjeux qui mènent à ces barbaries et à ces atrocités, planifiées et organisées ne se justifient en rien. Trente ans plus tard, l’ Allemagne en a fait vicieusement un « copier-coller ».
Ce génocide des Arméniens commencé au XIXième siècle s’est poursuivi tout au long du XXième siècle jusqu’à nos jours, toujours ponctué par des mesures discriminatoires, des disparitions, des meurtres et des assassinats.
Aujourd’hui-et peu me chaut l’identité religieuse des victimes- certaines revivent encore et toujours les affres de la persécution sous le tranchant des sabres du Daesh.
Aucune justification financière qu’elle trouve sa source dans l’impossibilité des obligations de réparation ou dans l’impossibilité de gérer les accès aux cadastres des propriétés saisies en ses temps
passés ou présents ne peut excuser ces dénis.
Alors sommes-nous condamnés à devoir reconnaître notre incapacité à nous entendre entre Occidentaux et Orientaux?
Certaines voix se font entendre, même en Turquie, pour que la reconnaissance par les autorités turques dérident enfin les relations tellement sclérosées entre les 2 nations, Turquie et Arménie. Elle ouvrira incontestablement de timides mais nouvelles perspectives avec l’Arménie toujours béatement en attente de la reconnaissance de leur identité.
Cette reconnaissance est aussi un passage obligé pour l’entrée de la Turquie dans l’UE qui gagnerait alors en crédibilité et respectabilité, clarifierait et pacifierait les tensions avec le Daesh dont sont encore trop souvent victimes, et les Chrétiens, et les Musulmans, ne l’oublions pas.
Est-ce utopique de croire que les enfants des victimes des génocides-du génocide arménien en l’occurrence- restent à jamais des victimes et que les enfants des bourreaux ne sont pas des bourreaux …. à moins que ?
Quand François, ce chantre vaticanais de la non-violence, reconnut avec une audace et une simplicité qui lui sont coutumières la tolérance « zéro » vis-à-vis du génocide arménien, un jeune turque s’insurgea et se sentit blessé car François avait apparemment ignoré le contexte historique… de 1915 !
Devons-nous dès lors craindre que les lavages de cerveau pédagogiques et scolaires sont tels qu’en Turquie ou ailleurs au Monde, « la Personne au Centre » n’ est qu’un concept creux et vide de sens ?
L’ Humanité est-elle donc condamnée à n’ être que des « festivals répétés» de barbaries, d’ignorances, de dénis ou croyons-nous à l’instar du sociologue et historien Turc Tamar Akcam qu’il existe une autre voie à condition cependant que la Turquie, en l’occurrence ici, comprenne enfin que les valeurs démocratiques impliquent une prise de distance et une reconnaissance du passé ?
Non, je ne veux pas rêver « debout…au nom de tous les oubliés !