LES PASSERELLES… ENTRE L’ÉCONOMIQUE ET LE SOCIAL !

Que découvrons-nous chaque soir assis devant nos écrans: des grappes humaines dans une société fragmentée et fissurée construite sur un socle mondialisé et globalisé. Il y a 20 ans, la base de l’économie consistait encore en entreprises, celles-ci mettaient du lien entre les femmes et les hommes, par conséquent elles étaient des lieux de socialisation … Actuellement, ces mêmes entreprises mettent la clef sous le paillasson, taillées dans le vif par les cannibales de la finance…

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„Les Passerelles”

 

A cette même époque, je croyais encore dur comme fer que l’économie structurait la société et finançait durablement les solidarités…
Mais avec les années, la pyramide des gens « actifs » et « non actifs » s’est irrévocablement inversée, se trouvant déséquilibrée notamment mais pas exclusivement à cause des multinationales qui nous gouvernent….

Les hommes politiques débordés ne savent plus à quels saints se vouer, ils nous parlent de passerelles à inventer pour les « laissés pour compte ». Mesurent-ils la gravité des fractures ?

De jour en jour, nous sommes confrontés à un productivisme sauvage. Bien sûr, personne ne contestera qu’il est indécent de licencier quelqu’un au nom de la rentabilité et du profit personnel mais c’est fait quand même, on vide des postes pour éviter de ne pas être éjecté soi-même … Combien de fois n’ai-je entendu dans le secteur marchand comme dans le non-marchand d’ailleurs, des patrons demander à leurs administrés de gratter encore un petit peu les fonds de tiroirs de leurs départements respectifs. Les « éjectés » râlent, sont indemnisés, certes de moins en moins, et achetés en contrepartie de leur silence. Mais, à force de franchir la ligne rouge, les tensions des silencieux s’amplifient.

Face à cette hypocrisie, les gouvernements soutenus par les nouveaux économistes tirent à boulets rouges sur l’éducation et la « mystique » de la diplomachie.
Chaque gouvernement y va bien sûr de sa « réformette » sur l’éducation mais les diplômes obtenus ne débouchent sur rien de concret… de simples palliatifs. Tout réside dans le « paraître » et non plus dans la « compétence ». Il faut fabriquer des diplômés brandissant des qualifications qui ne servent à rien mais qu’il faut détenir quand même car, au cas où ils ne sont pas obtenus, les individus n’existent plus même si ces diplômes ne servent à rien…

De plus, face aux adeptes du taylorisme, la recette-miracle semble être le travail en réseaux, en synergie. Mais cette recette évacue les autistes sociaux spécialisés, refoulés dans leur coin en quelque sorte, ceux qui n’ont pas eu une famille ou un entrainement associatif favorisant l’échange. Bien sûr le taylorisme est apparemment suranné, mais par ailleurs est-il vraiment possible d’activer les petites et moyennes entreprises face à la puissance des multinationales, comme lieu d’insertion, comme antidote contre la marginalisation?

Ces marginaux sont ceux qui rôdent et cassent les vitrines des magasins parce que refoulés en périphérie et non pas inclus comme acteurs du système. Ne convient-il pas de cheviller ces hommes et ces femmes et de leur offrir des postes dans ces mêmes magasins sans la moindre discrimination. Ce n’est pas de l’altruisme mais de l’égoïsme bien compris de la part de ceux qui ont des fonctions de direction. N’est-ce pas par ce biais d’ouverture que nous pourrions refonder les synergies économiques et sociales ?

La non-discrimination et l’ouverture à autrui, peu importe son histoire, fonde l’action citoyenne. Seuls ceux qui se rendent compte que les questions sont devenues multidimensionnelles et qui ont la volonté de se mettre ensemble autour d’une même table, ne chavireront pas….
Le succès de la responsabilité citoyenne doit passer par la combinaison entre l’action locale, celle de la proximité, et la pensée globale, les deux ingrédients de la construction d’un projet commun.

Et en ce 21ième siècle, nous devons aussi et surtout nous demander comment nous pouvons passer d’une société de plein emploi à une société de pleine activité ? Comment partager ? Comment partager autrement le travail ? Comment partager les techniques innovantes et comment les expérimenter ?

Albert Camus disait ; il y a l’efficacité du « typhon » qui emporte tout sur son passage – ce fut la révolution industrielle avec ses sillages tragiques et ses apports bénéfiques – ainsi que l’efficacité de la « sève » qui réussit à faire pousser en intelligence individuelle et collective des femmes et des hommes qui sauront fabriquer des communautés économiquement viables et socialement plus équitables.

Voilà notre seul et réel défi contemporain…

 

Author: Jean Pierre Aussems

(1956, Eupen) aussemsjeanpierre@gmail.com LinkedIn profil: https://be.linkedin.com/pub/jean-pierre-aussems/6a/276/599

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