Des  Années Soixante à Aujourd’hui…. Un parcours de quatre  Générations,  d’ Arrière vers l’ Avant.

Dans l’ antique et flamboyante Grèce, Socrate craignait que la lecture allait appauvrir la mémoire… Avec le recul, reconnaissons-le : Socrate s’est trompé. En parcourant les siècles, le même constat s’impose : les générations ont tendance à se regarder les unes les autres avec un dédain certain, croyant que les plus anciens sont les meilleurs, les plus sages et les plus forts. Les plus anciens ont raison, leurs successeurs ont tort…. Une telle attitude d’un groupe vis-à-vis de l’autre conduit inévitablement à l’abaissement de l’autre, l’un domine, l’autre subit. Ceux qui ont le succès « public » condamnent très-trop vite-ceux qui ont le désir d’innover, de changer le pouvoir en place…. De quoi les Anciens, les Aînés, ont-ils peur ? De perdre ? De disparaître ? De mourir ?

L’intergénérationnel, vérité et crainte intemporelles et universelles…..

Entre les générations, les frustrations et les agressivités s’installent tant d’un point de vue personnel que collectif. Ainsi, un collectif d’ouvriers d’usine hurle sur son directeur. Celui-ci ne peut répondre. Il rentre chez lui, ses frustrations contenues se déchargent sur son partenaire qui, à son tour, hurle sur son enfant. Alors, l’enfant donne un coup de pied au chien de maison qui court après le chat. L’histoire se termine par la mort de la souris….
Cette histoire tragico-comique est intemporelle, reflet de toutes les générations.
Historiquement, ce concept de génération remonte à l’Ancien Testament et aux penseurs chinois, regroupant des personnes partageant des intérêts similaires, développant des comportements aspirations et attitudes communes. Y aurait-il donc dans toute génération une forme déterminisme ?
Une forme de vie qui nous empêche d’avoir une autre identité que celle  que nous avons acquise ou reçue ? Mais que faisons-nous dans ce cas de notre libre arbitre ? Je hais ce terme déterminisme qui catégorise, d’où nous réduit….

Fin de la seconde guerre mondiale : changement de cap,  raccourcissement des générations différentesqui se côtoient sans se comprendre… tant au plan privé que collectif.

Les « babyboomers », la génération X, la génération Y et la génération Z sont certes interdépendantes, mais toutes sont aussi influencées par les facteurs sociétaux, par les éléments technologiques mais aussi par l’éducation.
Les unes héritent des autres, mais la plus grande fracture « générationnelle » réside entre les babyboomers et la génération Y., la génération X n’étant que le prolongement des babyboomers.

En d’autres termes, la fracture, la cassure,  se situe autour des années 1980.

Après 1945, les « 20 glorieuses » se caractérisent par une explosion démographique, par le plein emploi et donc par une pleine confiance dans l’entreprise.
La solidarité est le maître-mot, au niveau économique et social au niveau national et européen: la création de la CECA et de la CEE, ce souffle extraordinaire en mai 1968 associée à la conquête de l’ Espace, …
Du côté occidental, américain et européen, existent des audaces de changement, soit en sein, celui-ci, soit contre le monde oriental.

La Génération Y : les nomades du »why » dans un monde devenu inconstant.

Alors que les « babyboomers » croient que les codes et les valeurs de vie et de travail se transmettent de générations en générations et sont irrémédiablement cloisonnés, la génération Y voit le jour en même temps que les objets nomades…. Les fax , les téléphones ….et surtout l’immuable » machine è écrire » mécanique ou électrique. Aujourd’hui,  tout se transporte partout peu importe le lieu de vie et de travail, le zapping tant décrié est devenu  la nouvelle norme. Elle tolère la contradiction, l’incohérence, orientalise le temps, l’instant présent est devenu sacré, ce qui empêche toute projection dans du long terme mais génère par ailleurs des créativités, des innovations et de nouvelles flexibilités,. Les travaux à temps partiels augmentent, les codes de la vie deviennent interchangeables surtout en matière d’éducation des enfants. L’humanité devient en quelque sorte multi- tâches.
La Culture à la Socrate qui analyse en profondeur s’appauvrit, mais la culture actuelle transcende en revanche les frontières et devient d’une certaine façon plus démocratique grâce à la puissance des réseaux sociaux qui permettent des mobilisations hyper- rapides. Songeons à la construction révolutionnaire du printemps arabe, même s’il y a matière à critiquer cette forme d’agir au vu des résultats acquis en 2015.
A dessein, nous jetons presque toujours les bébés avec l’eau du bain. Sans doute par peur de progresser, par peur des différences, comportements universels inhérents à la condition humaine…

Et demain, de quoi sera-t-il fait ?

Bien malin qui peut répondre à cette question…. Heureusement, sans quoi, nous serions tous des « sectaires »…
En me focalisant sur les avancées technologiques vertigineuses et en constatant que l’attitude « du tout, tout de suite » de la génération Y, la garde réfléchie et impliquée, je reste confiant dans celle qui arrivera…
Je sais seulement qu’elle sera le fruit de celle qui l’aura précédée, de ce que ces prédécesseurs auront construit pour elle et lui auront légué … avec bienveillance et affection.
Enfin, cette génération comme toutes les autres comprendra qu’aucune cause n’a de valeur, comme le dit si bien Hegel, sans PASSION. De cela je suis convaincu. En cela, j’espère avec elle.